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Tuberculose : « Un travail de longue haleine »

Plusieurs dizaines de foyers de tuberculose bovine ont été détectés en France en 2018. Traduisent-ils une recrudescence de la maladie dans les élevages ? Les réponses d’Isabelle Tourette, vétérinaire à GDS France.

Comment a évolué la tuberculose bovine en 2018 ?

Selon un bilan réalisé par la DGAL (1), 91 foyers avaient été recensés au 13 juin, principalement dans le Sud-Ouest (80 % à 90 % des cas). La France devrait néanmoins finir l’année autour d’une centaine de foyers, comme les années précédentes.

Est-ce à dire que « l’objectif d’éradication à terme », inscrit dans le plan national de lutte 2017-2022, apparaît de plus en plus hors de portée ?

Non, pas du tout. D’abord, la plupart des foyers ne comptent plus qu’un ou deux animaux contaminés (du coup, il n’est plus toujours nécessaire d’abattre la totalité d’un cheptel infecté). Ensuite, on aura dépisté davantage de cheptels cette année. Par exemple, dans le Calvados, on testera 60 000 animaux en 2018/2019, au lieu de 8 000 en 2017/2018. Enfin, on repère la maladie de plus en plus tôt : de moins en moins lors des inspections à l’abattoir (lésions suspectes sur les carcasses) et de plus en plus en élevage alors que la « tub » est une maladie asymptomatique difficile à diagnostiquer. C’est tout bénéfice pour la prophylaxie. La tendance pluriannuelle reste à une baisse de la prévalence, même si on aura peut-être un peu plus de cas en 2018 qu’en 2017 (95 foyers), du fait d’une plus grande pression de surveillance.

Que peut-on faire de plus pour éradiquer totalement la « tub » ?

L’intra-dermotuberculination comparative (IDC), mise en œuvre en 2017 en Nouvelle-Aquitaine et même antérieurement dans d’autres départements, a été généralisée en 2018. Ce test a l’avantage de trouver moins d’animaux faussement positifs que l’intra-dermotuberculination simple (IDS) réalisée par le passé. En pratique, cela conduit à déclarer davantage de suspicions. Certes, la mise en œuvre de l’IDC est plus exigeante, tant en termes de contention des animaux que de technicité. Il faut convaincre les éleveurs et veiller à la sécurité de tous, vétérinaires inclus. L’autre enjeu se situe au niveau de la faune sauvage (blaireaux, sangliers…), qui constitue un important réservoir pour la bactérie, très résistante dans la nature. Le parcellaire très morcelé, et notamment les prairies en lisières de bois, favorise les occasions de transmission de la maladie entre animaux domestiques et sauvages. Des recherches sont en cours, avec la Grande-Bretagne, pour vacciner les blaireaux avec des appâts. Des formations sont organisées à l’attention des chasseurs pour qu’ils apprennent à repérer, sur les sangliers ou les cervidés, les lésions caractéristiques de la « tub ». La lutte contre cette maladie est un travail de longue haleine, nécessitant l’implication de tous. Il ne faut pas user les acteurs. Mais ne pas perdre de vue non plus qu’on peut y arriver, comme le prouvent les succès obtenus en Bourgogne ou dans les Ardennes par exemple.

Propos recueillis par Benoît Contour

(1) DGAL : Direction générale de l’alimentation du ministère de l’agriculture

A télécharger :

Bulletin de surveillance de la tuberculose bovine (juin 2020)

Gestion de la tuberculose bovine et des blaireaux (Anses, août 2019)

Un guide de la tuberculose bovine (Confédération paysanne, 11 décembre 2018)

Le plan national de lutte contre la tuberculose bovine 2017-2022

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