Les résultats du sondage publiés en octobre par Grands Troupeaux Magazine et Original Process montrent que les éleveurs sont sensibles à la santé intestinale de leurs vaches/veaux pour réduire l’usage des antibiotiques. Ils apparaissent également demandeurs d’informations pour mieux comprendre ces thématiques. Le Dr Bernard Schmitt, médecin et co-président de Bleu-Blanc-Cœur leur apporte quelques éclairages. Ce constat est valable pour les caprins
QUELS ENSEIGNEMENTS TIREZ-VOUS DE NOTRE SONDAGE ?
Les résultats de ce sondage soulignent que la majorité des éleveurs ont entendu parler du microbiote et de la santé intestinale de leurs animaux mais que leurs connaissances sont insuffisantes. Les éleveurs sont indéniablement en attente de contenu, d’explications sur ces thématiques. Il faut savoir que le microbiote intestinal, c’est l’ensemble des microorganismes qui colonisent l’intestin. Ces derniers assurent le lien entre le monde intérieur et le monde extérieur à l’organisme. Le microbiote est constitué de milliards de bactéries, de champignons, de virus…Chaque individu héberge ainsi une biodiversité qui lui est propre, constituée d’une grande variété d’espèces. C’est « l’organe » qui a la plus grande influence sur la modulation de l’immunité. Ce qui explique que son action est essentielle lorsque l’on veut se passer des antibiotiques. En stimulant le microbiote intestinal, nous allons agir sur le système immunitaire de l’animal.
Le microbiote participe également à la préservation de l’intégrité des parois intestinales. Il contribue à hydrolyser les aliments pour qu’ils soient assimilés par l’organisme et qu’ils passent dans le sang. Sans son action, des aliments non assimilables risquent de provoquer des allergies, des intolérances et des diarrhées…
DÈS LORS, COMMENT PEUT-ON FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT ET LE BON FONCTIONNEMENT DU MICROBIOTE ?
Il existe deux voies principales pour favoriser le développement et le bon fonctionnement du microbiote. Il faut à la fois maintenir la santé tout au long du tube digestif et agir sur le profil des microorganismes qui le constituent. Pour ce faire, l’éleveur peut utiliser les prébiotiques et les probiotiques. Les prébiotiques ont une action de fond sur le tube digestif: Ils créent les conditions favorables au développement des microorganismes. Les probiotiques ont des effets plus éphémères: leurs effets se dissipent rapidement si l’on arrête d’en prendre. Il faut noter que les ProbioactiFAP développés par la société française Original Process contiennent d’une part des prébiotiques qui renforcent l’équilibre du microbiote propre à chaque animal et évite ainsi les déséquilibres (dysbioses) et d’autre part des postbiotiques issu du process de fermentation qui agissent sur le renforcement de la paroi digestive et l’immunité. Leur mode d’action a fait l’objet de plusieurs publications scientifiques. La dernière en date est une thèse vétérinaire soutenue par Mélanie Save, le 1er octobre , sous l’égide de VetAgro Sup, l’Inrae et Original process. Ce travail atteste de leur capacité à diversifier et enrichir le microbiote des veaux, dés la naissance, quelque soit le mode de vêlage (voie naturelle ou césarienne), ce qui est essentiel et reconnu pour améliorer leur santé intestinale et permettre par la suite un gain de poids .
COMMENT SE DÉVELOPPE LE MICROBIOTE DANS L’INTESTIN DU VEAU NOUVEAU-NÉ ?
Pour le veau, comme pour tous les mammifères, le schéma est identique : l’acquisition du microbiote intestinal est assurée en grande partie par contact avec le vagin de la mère. Le lait, le léchage du veau, l’environnement général vont ensuite contribuer à enrichir ce microbiote mais le vagin joue un rôle essentiel dans sa mise en place. Ce qui signifie que les veaux ou les bébés nés par césarienne ont un microbiote plus fragile. Cette fragilité est plus nette chez le bébé que chez le veau car, chez ce dernier, il y a toujours un pré-contact vaginal. Soulignons également que lors de la gestation, il existe un passage bactérien entre le système digestif de la mère et le placenta. Celui-ci joue un rôle au niveau du transfert du microbiote lors de la naissance. Dès lors, on comprend mieux pourquoi il est primordial de se soucier de la santé intestinale de la mère et de la richesse de son microbiote. En stimulant le microbiote maternel lors de la préparation à la mise bas, nous favorisons également le microbiote du nouveau-né. On a ainsi la possibilité d’agir positivement sur plusieurs générations.
Propos recueillis par Erwan Le Duc