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Quand la santé va…

À quelques kilomètres de Rennes, le Gaec de la Bouëxière élève 440 chèvres laitières de race Alpine. Les associés bretilliens ont placé la santé au centre de leurs préoccupations, avec à la clé de solides performances zootechniques. Aperçu des recettes suivies par ces éleveurs breton.

 Installés au sud-ouest de Rennes, Pascal et Aude Bouilland sont peut-être d’origine citadine, mais ils ont su bâtir un élevage prospère, associant performances zootechniques et maîtrise sanitaire. Exempt d’arthrite encéphalite caprine (Caev), l’exploitation affiche une mortalité néonatale inférieure à 4 % et des frais vétérinaires plafonnant à 6,10 € / tête (frais d’élevage des chevrettes inclus). Ces premiers chiffres permettent de saisir que la santé se situe bien au centre du système mis en place par ces éleveurs. Nous pourrions d’ailleurs continuer à lister les indicateurs les uns après les autres. Tous pointent dans le même sens : celui de la santé. Les exploitants ont notamment misé sur Visiolait Chèvres (lire l’encadré), un service  développé par la société Valorex, qui leur permet de suivre leurs données d’élevage et d’être alertés en cas de soucis majeurs. 

Par ailleurs, à la Bouëxière, aucun animal n’est acheté à l’extérieur, afin d’éviter toutes déconvenues sanitaires. Même les boucs de reproduction sont nés au Gaec et proviennent de l’insémination des meilleures chèvres du cheptel. 

Ces éleveurs ont réussi à associer santé et niveau de production. En 2017, leurs alpines ont produit 1 280 litres de lait. En 2018, ce chiffre chute légèrement à 1 190 l,  en raison des mauvais fourrages et d’un passage d’entérotoxémie(1) et d’une demande moins importante de la laiterie. Ces résultats restent toutefois supérieurs aux 1 030 litres de moyenne affichés par les troupeaux les plus performants du Grand Ouest. De plus, « cette année, la qualité des fourrages (enrubannage) est de retour et la production repart », précise Pascal Bouilland. Soulignons également que ce haut niveau de production s’accompagne de bonnes performances de reproduction. Ainsi, le taux de réussite atteint 96 % pour les saillies naturelles et 52 % pour l’insémination. À noter que 30 % des chèvres et des chevrettes sont inséminées. Comme quoi, un haut niveau de production peut aller de pair avec de bonnes capacités de reproduction. Le seul bémol côté sanitaire, se situe au niveau des cellules, un vrai dilemme en production caprine. Le Gaec de La Bouëxière n’échappe pas à la règle. Les pénalités associées leur coûtent entre 5 000 et 8 000 €/an. Les exploitants ont pourtant suivi et mis en place les pratiques préventives recommandées par la profession. Ainsi, ils désinfectent les manchons entre chaque lot de chèvres, débutent la traite par les primipares et concluent par les lactations longues. Ce problème de cellules est vraisemblablement imputable aux 190 chèvres en lactation longue. Au final, cette pratique de lactation longue est payante pour les éleveurs. Elle leur permet en effet de produire du lait en hiver et de bénéficier d’un meilleur prix. La campagne passée, le Gaec a perçu, de son collecteur, une moyenne de 770 €/1 000 litres. Ce chiffre culminant même à 835 € au quatrième trimestre contre 738 € au premier trimestre 2018.

Une ration riche en oméga 3

Pour maintenir leurs chèvres en pleine santé, les exploitants de Saint-Thurial s’appuient en premier lieu sur la ration dans laquelle ils valorisent les enrubannages produits sur place. L’ensilage a été abandonné en 2003 pour en finir avec la listeria. Ils y incorporent également de la graine de lin extrudée. « Nous recherchions à développer notre production et devions pour ce faire enrichir la ration en énergie. J’ai toujours refusé les solutions à base d’huile de palme et les aliments tannés au formol, car je suis attaché à la qualité des produits et à l’image de la filière auprès des consommateurs. La société Valorex m’a présenté l’intérêt d’une teneur en Oméga 3 de la ration et de sa graine de lin extrudée Tradilin, riche en matière grasse nobles. Cela correspondait bien à ma philosophie : un aliment riche en cellulose et en protéines nobles » nous précise Pascal Bouilland. C’est ainsi que la collaboration entre le fabricant d’aliments de Combourtillé (Ille-et-Vilaine) et l’éleveur a débuté. Ces échanges ont, par la suite donné, naissance à la formulation d’un mash à base de luzerne, de pulpe de betteraves, de bouchons de céréales et d’Extrulin (croquette 100% extrudée à base notamment de graine de lin Tradilin et de féveroles). Cet aliment, longtemps appelé Mash Bouilland, est désormais commercialisé par Valorex sous le nom commercial Caprilin mash. Il apporte 1,02 UFL, contient 13 % d’amidon et 21 % de matière protéique. 

Au final, les multipares du Gaec de la Bouëxière produisent une moyenne journalière de 5,33 kg de lait et les primipares 3,86 kg au pic de lactation. L’éleveur module la ration en fonction du stade de lactation, en jouant notamment sur les quantités de correcteurs azotés et de mash. Il n’hésite pas à varier les apports de concentrés, selon la qualité des fourrages. Les chèvres ingèrent un peu moins de 3 kg de matière sèche (fourrages et concentrés) et les chevrettes 2,67 kg. À son maximum, au pic de lactation, le coût de la ration atteint 0,69 €/chèvre/jour (soit 129,89 € / 1 000 litres ramenés à la ration). La marge sur coût alimentaire permet donc de dégager une belle rentabilité.

E.L.D.

 

  1. L’entérotoxémie est une maladie aiguë à suraiguë due à la résorption dans la circulation sanguine de toxines bactériennes produites dans l’intestin. 

 

Le Gaec de la Bouëxière (Ille-et-Vilaine) en chiffres

  • 2 associés (Aude et Pascal Bouilland) et 1 salarié ;
  • 440 chèvres de race Alpine dont 190 en lactation longue ;
  • 30 % d’insémination et le reste en monte naturelle à partir de boucs nés sur l’élevage ;
  • une production moyenne par chèvres de 1190 litres de lait en 2018 avec un TB entre 38 et 40 g/l et un TP entre 36 et 37 g/l ;
  • une production de 480 000 litres de lait livré à la laiterie Triballat pour la production du fromage Petit Billy et de yaourts ;
  • une surface agricole utile de 50 hectares dont 27 ha de prairies (ray grass hybride, trèfle et dactyle), 14 ha de triticale et 9 hectares de maïs grains.

 

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