« La vente de produits locaux permet de stabiliser les revenus des producteurs, sans les améliorer », mais aussi de « sécuriser la trésorerie », constate un rapport du ministère de l’agriculture.
« Il est difficile d’estimer l’impact économique des chaînes alimentaires courtes de proximité (CACP) sur les exploitations agricoles du fait de la diversité des formes de vente (vente directe, paniers, magasins de producteurs, distribution par la GMS classique, etc.) et de la diversité des situations des exploitations qui vendent en CACP (stratégies de positionnement ou de diversification, etc.). En particulier, au sein d’une même filière, l’écart-type des résultats économiques pour les exploitations en CACP serait plus important que pour les exploitations en circuits longs », constate un tout récent rapport (1) du CGAAER (2).
Selon le Réseau d’information comptable agricole (Rica), en 2018, « 6,3% des exploitations agricoles françaises commercialisaient plus de 75% de leur production par la vente directe. Leur taux de marge moyen était de 35%, contre un taux de marge moyen de 34% pour les exploitations qui ne commercialisent pas du tout en vente directe. Ainsi, il n’y a pas d’augmentation significative du taux de marge pour les exploitations en vente directe par rapport aux autres exploitations. En l’absence de données, les autres circuits de commercialisation des produits locaux ne peuvent être étudiés avec le Rica. »
Une « meilleure résilience »
En outre, « la très grande diversité des situations ne permet pas de dégager une tendance générale : il n’y a pas de différence significative de performance économique entre les exploitations qui ont un chiffre d’affaires majoritairement réalisé en circuit court de proximité et les autres exploitations agricoles de même production. » Le rapport souligne néanmoins « des impacts économiques bénéfiques pour les exploitations impliquées dans les CACP, mis en avant dans les travaux de recherche : l’amélioration de la diversification des débouchés ; la sécurisation de la trésorerie ; la réduction de la volatilité des prix et des quantités généralement observée dans les chaînes longues de commercialisation. » Mais aussi « certains inconvénients économiques » : « l’augmentation du temps de travail par volume de vente ; la complexification de l’organisation du travail avec la difficulté à combiner les compétences nécessaires (producteur, transformateur, logisticien, commerçant, gestionnaire…). Ces éléments tendent à démontrer une meilleure résilience de ces exploitations face aux aléas du marché, malgré les inconvénients économiques cités. »
Le rapport note enfin que, « lorsque le produit est vendu directement par le producteur sans achat-revente par un tiers, la fixation du prix de vente est primordiale pour assurer la rentabilité de l’opération. En particulier, lorsque le prix de vente est trop faible au départ, il est difficile de le rehausser. Il a été rapporté à la mission que certains exploitants agricoles s’estiment insuffisamment accompagnés dans cette démarche de fixation du prix de vente. Toutefois, la mission a constaté que différents organismes agricoles proposent des formations sur ce sujet (Chambres d’agriculture, CIVAM, réseau des AMAP…). »
BC
(1) Les produits locaux, CGAAER, janvier 2021
(2) Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux
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