Les journées de printemps de l’Association francophone des productions fourragères (AFPF) se sont focalisées sur la valorisation, l’entretien et la pérennité des prairies. C’est ainsi que Jérémie Jost (Institut de l’élevage) a rendu compte des impacts économiques du manque de pérennité des prairies dans les systèmes caprins, en particulier dans l’ouest de la France.
Premier constat, « les systèmes fourragers sont basés très majoritairement sur des prairies temporaires variées », dont « la luzerne reste le pivot ». Le trèfle violet, le ray-grass d’Italie et la fétuque élevée y ont aussi leur place. Les prairies permanentes, quant à elles, représentent moins de 10 % de la surface agricole utile (SAU) dans ces systèmes caprins.
2 À 5 ANS D’IMPLANTATION
Dans le cadre du réseau d’expérimentation et de développement caprin (REDCap), une cinquantaine d’éleveurs des régions Nouvelle-Aquitaine et Pays de la Loire sont enquêtés, depuis 2010, sur l’adaptation de leur système d’élevage au réchauffement climatique. L’évolution dans le temps de leurs prairies temporaires se révèle généralement « en deçà des attentes », avec une pérennité moyenne comprise entre 2 et 5 ans (voir tableau). « Un développement d’espèces non semées, une perte de rendement et une présence plus importante de graminées sont cités comme raisons de destruction d’une prairie. »
L’analyse économique leur donne raison. Allonger la durée d’exploitation d’une prairie expose à de « faibles économies sur les charges et des risques forts sur les produits », constate Jérémie Jost. Explication : la « place marginale des charges de surfaces fourragères dans les systèmes caprins ». Selon les données des réseaux d’élevage Inosys pour l’année 2019, le coût moyen du système d’alimentation du troupeau caprin de l’Ouest varie de 402 à 453 €/1 000 l, l’achat de semences fourragères en représentant tout au plus 2 % (voir tableau).
HERBE CONTRE CONCENTRÉ
« En résumé, pour un système alimentaire basé sur du fourrage conservé, exploiter sa prairie une année supplémentaire permettrait globalement une économie potentielle de 1,6 à 3,2 € par chèvre et par an, soit 400 à 800 €/an pour un troupeau de 250 chèvres (moins de 1 % du coût du système d’alimentation). » Un gain qui correspond à « une perte infime de production, de l’ordre de 2 à 4 kg de lait par chèvre et par an, soit moins de 0,5 % de la production » Une « prise de risque forte » dans la mesure où « une baisse de la qualité des fourrages a un fort impact à la fois sur les produits (baisse de production) et sur les charges (hausse des coûts de concentrés) », souligne Jérémie Jost qui invite à privilégier des « fourrages à haute valeur alimentaire » (riches en énergie et protéines) plutôt que des « prairies plus pérennes ».
BC