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« Nous faisions du HVE sans le savoir »

Une biodiversité robuste et ancienne et des pratiques culturales raisonnées permettent au Gaec du Métolant de satisfaire sans peine au cahier des charges HVE.

Le 15 juin 2021, Dijon Céréales a remis à douze de ses adhérents leur certification Haute Valeur environnementale (HVE), au terme d’une démarche collective copilotée l’hiver précédent avec la Chambre d’agriculture de Côte-d’Or. Parmi les lauréats, le Gaec du Métolant, sis à Avelanges (Côte-d’Or), qui réunit Jean-Michel Moyemont et sa fille Auriane. Installée en 2016, la jeune éleveuse a ajouté un élevage caprin – « Les biquettes d’Aur » – à l’exploitation familiale de grandes cultures, ce qui a contribué à diversifier davantage encore l’assolement. Les 188 ha se partagent entre des productions végétales (blé, orges, pois, tournesol, cameline, luzerne, trèfle, maïs – une année sur deux – et soja – une première cette année), des prairies permanentes (12 ha) et des prairies temporaires (49 ha). Quatre fois par an, une entreprise d’Arc-sur-Tille vient aplatir les céréales destinées à nourrir les chèvres, portant à 90 % l’autonomie alimentaire de l’élevage.

DES SEMAINES DE 90 HEURES

Jean-Michel s’occupe des céréales, des fourrages et des (trop nombreux) « papiers », Auriane de l’élevage des 45 chèvres Alpines chamoisées (quelques croisées dans le lot), de la transformation et de la vente directe, qui a débuté en août 2017. Les fromages sont vendus à la ferme, sur plusieurs marchés de la région et à quelques restaurateurs. Si l’alimentation, les soins aux animaux et la traite (une tante prête mainforte) nécessitent 4,5 heures par jour, la transformation et la vente des fromages peuvent conduire à des semaines de 85 à 90 heures de travail pendant la pleine période de production laitière (de la mi-février à la mi-décembre, 130 l/j au pic de lactation), avoue la jeune femme. Les chèvres pâturent de mars à octobre si le temps le permet.

Pourquoi le père et la fille se sont-ils lancés dans la certification HVE ? Un peu par hasard, reconnaît Jean-Michel Moyemont. Au moment de renouveler le Certiphyto, Hervé Martin, responsable agronomique et filières de Dijon Céréales, lui en a parlé. Et le cultivateur s’est vite rendu compte qu’il « faisait de l’HVE sans le savoir ». L’exploitation n’irrigue pas et ne pèse pas sur la ressource en eau. Mais dans des sols très peu profonds et sans réserve utile, les années sèches ne s’oublient pas : seulement 47 bottes de foin rentrées en 2020, contre 170 en 2021, une année certes exceptionnelle. Pas de souci non plus avec la biodiversité. Le Gaec du Métolant aligne 10 km de bordures de bois, des haies jamais arasées, des ruisseaux et des bandes tampons…

« TOUT PROUVER »

La conduite phytosanitaire rentre, elle aussi, dans les clous. Ici, pas de traitement systématique : 10 des 44 ha de blé de l’année n’ont pas eu besoin d’être désherbés cette année, et un tiers seulement du programme fongicide a été réalisé car le froid en début de végétation avait laissé les plantes saines. Des techniques culturales vertueuses contribuent aussi à limiter les interventions : « en blé, moins on gratte le sol, moins on fait lever de mauvaises herbes », explique Jean-Michel Moyemont. Il sème aussi « plus tard que la moyenne », estimant là encore que cela limite la pression des adventices. Chaque culture de rente est précédée d’une prairie temporaire. Les interventions culturales liées aux phytos ou à la fertilisation (10 ha sont amendés avec le fumier des chèvres) sont renseignées dans le logiciel Smag Farmer : « nous enregistrons tout depuis quinze ans ». D’ailleurs, sans l’informatique, les exigences imposées par la certification HVE seraient hors de portée, laisse-t-il entendre, dans la mesure où il faut « tout prouver ».

Le jeu en vaut-il la chandelle ? « La certification n’a aucun impact sur nos prix de vente. Dijon Céréales ne nous paie pas plus cher nos céréales », indique Jean-Michel Moyemont. Mais il ne désespère pas que, la notoriété de la HVE progressant, les choses puissent évoluer. D’ailleurs, « Carrefour en parle à la radio ». Auriane non plus n’a pas réajusté les tarifs de ses fromages avec l’arrivée de la HVE. Mais elle reconnaît que cela l’aide dans sa communication en direction des clients qui franchissent la porte de son magasin. « La HVE les rassure. C’est un fromage fait comme dans le temps, se disent-ils. Et cela récompense le travail fait en amont. » Au reste, son élevage est quasi bio (il faudrait que les céréales de la ferme le soient aussi, ce qui n’est pas en projet) : pâturage, chèvres non cyclées et soignées essentiellement avec des plantes, des huiles essentielles et du miel. Un restaurateur de la région l’a bien compris et pousse l’élevage à demander la marque « Savoir-faire 100 % Côte-d’Or ». Ou plutôt « Côte-d’Aur »

Benoît Contour

 

EN CHIFFRES…

LE GAEC DU MÉTOLANT (CÔTE-D’OR)

  • 2 associés : Auriane et Jean-Michel Moyemont ;
  • 188 ha, dont 12 ha de prairies permanentes ;
  • 45 chèvres Alpines chamoisées ou croisées ;
  • fabrication à la ferme + vente directe.

 

 

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