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L’agro-écologie au banc d’essai

Parmi les systèmes agroécologiques, « l’agriculture biologique apparaît clairement comme la plus performante d’un point de vue économique et en termes d’exigences environnementales », affirme un rapport de France Stratégie.

« L’agriculture française assure à notre pays une autosuffisance alimentaire relative. Néanmoins, elle se caractérise aujourd’hui par des externalités environnementales négatives, ainsi que par la faiblesse des revenus de nombreux agriculteurs (…) Face à ce constat, l’agroécologie constitue l’une des solutions portées par les pouvoirs publics pour assurer la transition de l’agriculture vers la durabilité, et ainsi répondre aux défis du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Mais l’agroécologie est-elle rentable pour les agriculteurs ? ». C’est à cette question qu’entend répondre le rapport (1) de France Stratégie, qui se définit comme une « institution autonome placée auprès du Premier ministre ».

Les auteurs de l’étude passent en revue les référentiels répondant aux principes de l’agroécologie : agriculture biologique (AB), mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC), haute valeur environnementale (HVE), fermes Dephy, etc. Ils comparent ensuite les performances économiques de ces systèmes à celles de l’agriculture conventionnelle. Conclusion : la transition vers les systèmes agroécologiques présente des « bénéfices contrastés pour les agriculteurs (…) A l’échelle des exploitations agricoles, la transition agroécologique est rentable à moyen terme pour certains des référentiels étudiés, malgré la diminution des rendements observés. Les montants des coûts ou bénéfices estimés varient d’un référentiel à l’autre pour un même contexte (filières, échelles temporelles et spatiales) et d’un contexte à l’autre pour un même référentiel. Par ailleurs, ces coûts et bénéfices ne sont pas corrélés aux exigences environnementales. L’agriculture biologique apparaît clairement comme la plus performante d’un point de vue économique et en termes d’exigences environnementales. L’agriculture HVE présente également un très haut niveau d’exigences environnementales. »

Bovins bio : le lait plutôt que la viande

« Les exploitations spécialisées en bovins lait présentent des bénéfices post-transition . Pour un échantillon représentatif de la France métropolitaine en 2013 (étude Insee), nous observons de faibles charges opérationnelles compensant la baisse de production. Ces faibles charges sont liées à un moindre recours aux aliments concentrés et aux traitements vétérinaires (races plus rustiques). En revanche, nous observons une situation différente pour un échantillon d’exploitations laitières de Champagne, Nord-Est et Île-de-France en 2016. Le bénéfice global observé dans ce cas ne s’explique pas par de faibles charges mais par une plus grande valeur de la production liée au prix du lait bio particulièrement élevé cette année-là (écart avec le prix du lait conventionnel le plus fort jamais constaté sur les dix dernières années en faveur du lait bio). Notons que cet échantillon présente d’importants coûts de mécanisation et de main-d’œuvre par rapport au conventionnel, s’ajoutant à la réduction de rendement, mais ceux-ci sont plus que compensés par les prix élevés. »

« Les exploitations en viande bovine des échantillons étudiés en 2016 présentent un coût global lorsqu’elles sont spécialisées mais un bénéfice global lorsqu’il s’agit d’exploitations en polyculture élevage. Pour les exploitations spécialisées, cela s’explique par une perte de valeur de la production représentant trois fois le gain lié à la réduction des intrants. Au contraire, pour les exploitations en polyculture élevage, les rendements catastrophiques et les prix bas du conventionnel cette année-là expliquent le bénéfice observé sur la valeur de la production (les exploitations biologiques étant atteintes dans une moindre ampleur). On observe de plus pour ces exploitations des gains de réduction des charges opérationnelles de l’ordre du double des coûts qu’engendrent les charges supplémentaires de mécanisation et de main-d’œuvre. »

Le rapport de France Stratégie rappelle que l’atelier 11 des États généraux de l’alimentation, intitulé « Réussir la transition écologique et solidaire de notre agriculture en promouvant une alimentation durable », avait conclu à la nécessité de faire de la France le leader européen de l’agroécologie, en visant la conversion d’un tiers des exploitations agricoles à l’AB et d’un tiers à la HVE d’ici à 2030.

BC

(1) « Améliorer les performances économiques et environnementales de l’agriculture : les coûts et bénéfices de l’agroécologie », France Stratégie, août 2020

A télécharger : Les paiements pour services environnementaux en agriculture (CEP, juin 2020)

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