Les zoonoses existent et l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) rappelle que des cas existent chaque année en France.
« Des cas de contaminations humaines par le virus de l’encéphalite à tiques via des fromages de chèvres ont été observés pour la première fois en France en 2020 », rappelle l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Plusieurs laboratoires de l’agence se sont mobilisés afin de mieux comprendre les circonstances de ces contaminations. Les premiers résultats de leurs travaux sont parus en octobre 2022. Au printemps 2020, 43 personnes habitant l’Ain ont souffert de méningites, de méningo-encéphalites ou de symptômes grippaux causés par le virus de l’encéphalite à tiques (TBEV). Elles avaient toutes consommé du fromage de chèvre au lait cru. Il s’agit de la première infection par voie alimentaire connue en France, le TBEV se transmettant généralement par piqûres de tiques. Tous les fromages impliqués provenaient d’une même exploitation. Suite à l’alerte sanitaire, les fromages ont été retirés du marché afin d’éviter d’autres contaminations. En parallèle, les chèvres ont été confinées. Un quart d’entre elles présentaient des anticorps contre le virus de l’encéphalite à tiques, indiquant qu’elles avaient été exposées au virus. Ce dernier a été détecté dans le lait de trois d’entre elles. Sachant que le TBEV peut être excrété dans le lait jusqu’à 23 jours après l’infection, les chèvres avaient été contaminées récemment. Des tiques porteuses du virus ont été trouvées dans le sous-bois de la pâture des laitières. Elles sont probablement à l’origine de cette infection.
Ces contaminations ont pour la première fois révélé la présence du virus de l’encéphalite à tiques dans l’Ain, en dehors de sa zone d’action habituelle. La présence de celui-ci était jusqu’alors connue en Alsace, en Lorraine, en Savoie et en Haute-Savoie. « L’encéphalite à tiques ne cause pas de symptômes chez les animaux. Chez les humains, seuls 10 à 30 % des cas provoquent une méningite ou une encéphalite. Le reste du temps, les symptômes sont de type pseudo-grippal et passent donc inaperçus. », explique Gaëlle Gonzalez, l’une des auteures de l’étude.
La pasteurisation du lait élimine le virus. Par ailleurs, celui-ci ne survit pas dans les fromages bénéficiant d’un temps d’affinage de plusieurs mois. Une thèse, qui a débuté en 2021, vise à déterminer l’incidence des étapes de fabrication du fromage au lait cru sur le virus : diminuent-elles la quantité de virus par rapport à celle présente dans le lait ? Celle-ci est-elle homogène dans tout le fromage ? Ces connaissances supplémentaires devraient permettre de mettre en place des mesures de surveillance et de prévention adaptées.