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Le Caev : un virus cousin du Sida

Lors de la dernière édition de Capr’Inov, le GDS a organisé une conférence sur le virus du Caev (de l’anglais Caprine arthritis-encephalitis virus), virus responsable de l’arthrite encéphalite caprine. 

L’INGESTION DE COLOSTRUM CONTAMINÉ CONSTITUE LA PRINCIPALE VOIE DE TRANSMISSION DU CAEV.
LE CAEV S’EXPRIME D’ABORD PAR DE L’ARTHRITE CHRONIQUE, VISIBLE NOTAMMENT SOUS FORME DE « GROS GENOUX”.

Dû à un virus de la famille du Sida, spécifique aux caprins, l’arthrite encéphalite caprine à virus est une maladie contagieuse et irréversible, qui ne se transmet pas à l’Homme. et pour laquelle il n’existe actuellement ni traitement ni vaccin. Cette pathologie est présente dans la grande majorité des troupeaux caprins. Ainsi, 97 % des cheptels caprins de l’ex-région Poitou-Charentes seraient infectés. Ils seraient respectivement 92 % dans le Grand Ouest et 67 % en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans les abattoirs, 49 % des animaux réformés et abattus présentent des signes de cette maladie ! 

RAPPEL DES SYMPTÔMES  

Cette pathologie s’exprime d’abord par des arthrites chroniques, notamment par des « gros genoux », ayant le plus souvent une incidence modérée et touchant des animaux âgés. Dans certains élevages, ces arthrites peuvent apparaître sur des jeunes chevreaux, parfois dès l’âge de 6 mois, et toucher de nombreux animaux. Les formes mammaires se caractérisent par des formes aiguës (baisse de production marquée associée à une induration rapide et totale de la mamelle, appelée « pis de bois ») ou par des indurations localisées et chroniques, sans modification de l’aspect du lait. Leur fréquence est difficile à estimer car elles peuvent être confondues avec d’autres infections mammaires. Le Caev n’induit pas de hausse de la température corporelle. Les formes nerveuses (paralysie progressive des chevreaux âgés de 2 à 4 mois) et les formes respiratoires (pneumonie interstitielle chronique) sont quant à elles plus rares.

LES VOIES DE CONTAMINATION

La principale voie de transmission est l’ingestion de colostrum. La prévention repose tout d’abord sur la thermisation du colostrum à 56°C pendant 1 heure. Le colostrum bovin et les colostrums du commerce, dépourvus de virus, pourront également être utilisés. Les autres voies de transmission (machine à traire, injections, aérosols,…) sont plus difficiles à gérer, mais la contamination par ces voies est plus tardive, donc moins préjudiciable. La sollicitation mécanique des articulations doit également être limitée, notamment en parant régulièrement les onglons et en aménageant l’accès à la salle de traite. Une fois présent dans un élevage, et sans respect de mesures de prévention, le virus se diffuse très rapidement

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GROS PLAN SUR LES PERTES ÉCONOMIQUES 

Les pertes économiques induites par la présence du CAEV au sein d’un élevage sont conséquentes et induites par  :

  • les réformes prématurées ;
  • le coût des traitements ;
  • la diminution de la production de lait ;
  • et l’augmentation du nombre de cellules.

QUELLES MESURES POUR FREINER LA MALADIE 

Pour freiner l’émergence du Caev, il n’existe actuellement ni vaccin, ni traitement. L’éleveur doit donc miser sur l’application d’une série de mesures de biosécurité. En premier lieu, il doit veiller à maintenir la thermisation du colostrum (à 56° C et pendant une heure) pour empêcher la diffusion de la maladie. Afin de maîtriser au mieux le risque de contamination de son troupeau, il est essentiel d’isoler sans délai les animaux suspects pour qu’ils ne soient plus en contact avec le reste du troupeau. Il faut également réduire au maximum le nombre d’introductions d’animaux dans le troupeau et éviter d’avoir recours au prêt de boucs entre troupeaux et à l’utilisation de semence fraîche. Depuis l’an dernier, il existe un nouveau référentiel de qualification des troupeaux caprins vis-à-vis du Caev. Celui-ci est globalement plus contraignant pour les petits troupeaux que pour les grands cheptels. Ce protocole est téléchargeable sur le site internet de GDS France. Parallèlement, des études sont en cours pour déterminer la séroprévalence du virus à partir du lait de tank.

http://gdsreseau3m.com/wp-content/uploads/2021/08/livret_CAEV_VF_Referentiel-GDS-France-mai-2021.pdf

MISER SUR LA SÉLECTION GÉNÉTIQUE 

En l’absence de vaccin ou de traitement efficace, la sélection génétique pourrait s’avérer un outil précieux  pour favoriser la résistance à cette pathologie. Ainsi, des chercheurs brésiliens de l’Université fédérale de Viçosa ont réalisé une étude pour estimer les paramètres génétiques liés à l’infection par le Caev en races Alpine et Saanen. Au total 542 chèvres adultes (disposant d’un pedigree connu sur au moins 3 générations), hébergées dans un élevage à forte prévalence de Caev, ont été testées sur la base d’un test d’évaluation sérologique de l’infection. Les laitières ont toutes intégré le protocole expérimental et leurs paramètres génétiques ont également été pris en compte. Les auteurs ont constaté qu’il existait une variabilité génétique considérable en matière de résistance au Caev. Ils ont aussi mis en lumière que  l’héritabilité basée sur le pedigree était significativement différente. Ces résultats, publiés dans le prestigieux Journal of Dairy Science d’avril 2020, indiquent que la prévalence du Caev dans les troupeaux de chèvres peut être réduite, voire éliminée en combinant sélection génétique et stratégies de gestion appropriées.

 

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