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Le cabri lourd, pourquoi pas ?

Dans le cadre du projet Goatober, des chevreaux lourds ont été élevés depuis 2018 par quelques éleveurs ainsi qu’au lycée agricole de Laval (Mayenne). Le bilan économique est à nuancer selon que l’on intègre, ou non, la rémunération du travail.

Le 13 mars 2019, 20 cabris âgés d’une quinzaine de jours et pesant 4 kg arrivaient au lycée agricole. Ils ont été conduits en lot unique jusqu’à 105 jours, castrés par pose d’élastique à 20 jours (1 réaction inflammatoire). Ils ont reçu un allaitement artificiel en louve jusqu’à 60 jours (25 kg de poudre de lait par chevreau) puis engraissés en parc semi couvert avec foin à volonté et aliment complet pour agneaux (90 kg par cabri). À 105 jours, les animaux ont été séparés en deux lots de 10 cabris chacun : les premiers sont restés en bâtiment jusqu’à l’abattage, les autres ont été conduits en éco-pâturage pendant 60 jours avant de réintégrer le groupe de départ et d’être abattus à 245 jours. Les animaux du lot bâtiment pesaient 50 kg, ceux du lot pâturage à peine 40 kg, en dépit d’une certaine croissance compensatrice au retour en bâtiment (voir graphique). Le rendement carcasse est plus élevé dans le lot bâtiment, le rendement viande supérieur dans le lot pâturage.

Une viande « savoureuse et fondante »
La marge brute ressort à 79 € par cabri. Les promoteurs du projet Goatober invoquent un « bilan économique positif », hors rémunération de la main-d’œuvre fournie par le lycée agricole. L’intérêt pédagogique de l’essai est souligné, autant que les difficultés d’organisation d’une nouvelle production (besoins d’équipements, notamment de « solides clôtures » pour des animaux « très vifs »). Ils reconnaissent une « navigation à vue » dans la conduite alimentaire et des « performances zootechniques probablement biaisées ».
La viande de ces cabris lourds, « largement méconnue », a été proposée à six restaurants privés, deux restaurants scolaires et trois bouchers, qui ont été « débordés par la demande » (6 carcasses écoulées au lieu des 3 prévues), témoigne Nicolas Chomel, chef de projets Agri-Agro à Laval Mayenne Technopole. « Les consommateurs ont trouvé cette viande savoureuse, très fondante et agréable à cuisiner ». L’opération devait être rééditée en 2020 mais le contexte sanitaire rend les choses « plus compliquées cette année ».

Benoît Contour

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