Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, et Jérôme Despey, secrétaire général, ont commenté, le 4 septembre devant la presse, une rentrée agricole dominée par la sécheresse, le « dénigrement » de l’agriculture et les accords commerciaux (Ceta et Mercosur).
« L’été a été chaud, à tous points de vue », résume Christiane Lambert. « 2019 restera comme l’année des superlatifs et des records : 3 canicules, 86 départements soumis à des restrictions d’eau, 69 départements autorisés à pâturer ou faucher les jachères, 14 000 déclarations de sinistres déjà adressées à Groupama, 80 millions de pertes pour l’agriculture. Les plus en difficulté sont les éleveurs, qui ont commencé à taper dans les stocks d’hiver. L’herbe, le maïs et la betterave ne poussent plus. Pour pallier le manque de fourrages, 40 départements ont organisé des binômes d’échange, aussi pour éviter l’inflation des prix. Malgré tout, des décapitalisations de cheptels sont déjà constatées », ajoute, en substance, la présidente de la FNSEA. Le manque d’eau, ajouté au non-versement des aides bio, vient de conduire un éleveur à se donner la mort, a-t-elle déploré.
La prochaine commission des calamités agricoles se réunira le 15 octobre. Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a récemment indiqué, sur la chaîne CNews, que les indemnisations liées à la sécheresse 2018 s’étaient élevées à 200 millions d’euros, et que ce serait sans doute davantage pour celle de 2019. Christiane Lambert salue la décision du gouvernement de débloquer la réalisation de 60 retenues d’eau. La présidente de la FNSEA préfère parler de « projets territoriaux de gestion de l’eau » à définir en accord avec les riverains et les ONG. Une « coopérative de l’eau » vient ainsi d’être constituée dans les Deux-Sèvres, avec l’appui de France Nature Environnement. Les Deux-Sèvres qui accueilleront le congrès 2020 de la FNSEA, sur le thème du changement climatique.
Intrusions croissantes dans les élevages
Christiane Lambert, qui ne parle pas d’« agri-bashing » mais de « dénigrement » de l’agriculture, estime que « les choses se dégradent ». En 2017, 7 intrusions dans des élevages avaient été dénombrées, 16 en 2018 et déjà 41 en 2019. « Il n’est pas possible de fermer totalement un bâtiment bovin, car les animaux doivent pouvoir sortir. Un jour, entre exaspération et burnout, un agriculteur va péter un câble. ». La présidente de la FNSEA appelle plus que jamais au « dialogue » mais elle appelle aussi les pouvoirs publics à faire cesser ces troubles par « les voies normales ». Elle devait d’ailleurs rencontrer, dans l’après-midi du 4 septembre, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.
Les négociations avec le Canada (Ceta) et l’Amérique du Sud (Mercosur) ont également animé l’actualité estivale. « La FNSEA n’est pas opposée aux accords commerciaux, mais on ne peut pas importer des produits qui ne sont pas autorisés dans l’UE. N’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas », a réaffirmé Jérôme Despey. « Le Canada utilise des farines animales, des activateurs de croissance et 46 phytosanitaires interdits en Europe, c’est vrai », a-t-il insisté. « On ne peut pas avoir de double discours sur la santé, et signer le Ceta et pas l’accord avec le Mercosur. Nous allons nous mobiliser avec les Jeunes agriculteurs. Rendez-vous à la mi-septembre. »
Quel bilan la présidente de la FNSEA fait-elle des Etats généraux de l’alimentation ? « Le compte n’y est pas, mais la bataille continue. Seul le secteur laitier a tiré son épingle du jeu. Pour lui, c’est déjà l’année 2 car la loi Sapin 2 avait enclenché le mouvement. »
Benoît Contour