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L’herbe, un atout pour les élevages caprins

Les Français plébiscitent le pâturage, qui offre par ailleurs la meilleure rémunération ramenée au litre de lait. Restent néanmoins quelques « verrous techniques à lever ».

Hugues Caillat (Inrae) a rendu compte, le 3 décembre en visioconférence, dans le cadre des Rencontres Recherches Ruminants (3R) 2020, de travaux sur les systèmes caprins durables de demain (SC3D) conduits avec l’Institut de l’élevage, les Chambres d’agriculture et l’interprofession Poitou-Charentes-Pays de la Loire (Brilac) notamment. Alors que les enjeux identifiés pour la filière caprine sont la transmission et l’installation, le développement des signes de qualité et la « montée en gamme », la réponse aux attentes sociétales, l’autonomie alimentaire des élevages et la réduction des intrants et des émissions de gaz à effet de serre, l’herbe représente « un potentiel de développement économique, environnemental et social des systèmes laitiers caprins ». En tout cas sur le papier car, au moment de financer un dossier, les banques sont plus facilement convaincues par les projets de 250 chèvres et plus, privilégiant le foin et les concentrés, plutôt que par les troupeaux de moins de 100 chèvres nourris à l’herbe, avec ou sans pâturage, éventuellement engagés dans la transformation et la vente directe, constate Hugues Caillat.

Le parasitisme, un enjeu critique

Certes, l’herbe pâturée bénéficie d’une « image positive », « améliore l’autonomie alimentaire » et limite l’exposition à la volatilité des prix des intrants. En revanche, elle suppose une « grande technicité », ne serait-ce que pour contrôler le parasitisme gastro-intestinal – « principal point critique, pour les éleveurs comme pour leur encadrement ». Elle occasionne aussi une « variabilité de la production laitière en fonction de la pousse de l’herbe ». Sans oublier que demeurent des « visions divergentes sur l’adaptation de la chèvre au pâturage ». Certains la considèrent comme un « animal cueilleur peu adapté à brouter et trop sensible au parasitisme », quand d’autres la décrivent comme « capable de pâturer et de se protéger contre le parasitisme en sélectionnant des plantes riches en tanins si elles sont mises à disposition ».

Faute de trancher définitivement la question, Hugues Caillat rapporte des travaux récents (2018 et 2019) montrant une « grande capacité des chèvres à pâturer efficacement des prairies multi-espèces dans le contexte du Grand Ouest : les chèvres ingèrent plus, en pourcentage de leur poids , plus vite et plus longtemps que les vaches. Elles ont une bonne capacité d’adaptation aux changements de gestion de pâturage, égale ou supérieure à celle des vaches (quantité d’herbe offerte, temps d’accès, suppression de l’abreuvement, toute première fois…) ». Il n’en demeure pas moins, continue le chercheur, qu’il « existe des freins et des appréhensions très fortes chez certains éleveurs à l’égard du pâturage ».

Un revenu plus élevé

Au-delà de la nécessité de fournir un fourrage de qualité aux animaux, « des marges d’amélioration existent pour chaque système. Un travail important doit encore être mené autour du pâturage : son pilotage, la gestion du parasitisme, un litrage suffisant par chèvre au risque, sinon, de pénaliser certains indicateurs environnementaux »(1), estime en substance Hugues Caillat. Dans l’affouragement en vert, le pilotage de l’herbe et la gestion de la mécanisation sont perfectibles. Avec l’enrubannage, la conservation du fourrage et la maîtrise de la ration peuvent progresser. Dans les systèmes foin, « les plus développés en caprins », la qualité du fourrage et la maîtrise de la ration en foin de luzerne sont à surveiller.  

Sur un plan technique, les résultats recueillis dans une centaine d’exploitations caprines des réseaux d’élevage Inosys(2) caractérisent les systèmes “pâturage” par un effectif de chèvres, un rendement laitier et une quantité de concentré inférieurs à ceux des autres systèmes. En revanche, la part de fourrages et l’autonomie alimentaire y sont supérieures. Le produit de l’atelier caprin et la rémunération, rapportés au litre de lait, sont maximaux dans le système pâturage mais le revenu y est le plus faible (1,7 Smic par actif) en raison d’une moindre production.

Benoît Contour

 

(1)   La consommation d’énergie par litre de lait produit est la plus élevée dans les systèmes pâturage et pastoralisme alors que les émissions nettes de gaz à effet de serre y sont respectivement 2 et 4 fois plus faibles que dans les systèmes foin, enrubannage et affouragement en vert (environ 1 kg éqCO2/l), selon des données Inrae-Institut de l’élevage.

(2)   Partenariat entre l’Institut de l’élevage et les Chambres d’agriculture

 

 

 

 

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