Le revenu agricole par actif augmenterait de 16,4 % en 2022, selon les données provisoires dévoilées jeudi par l’Insee.
L’envolée des prix agricoles à travers le monde en 2022 a aussi profité à la ferme France, dont la valeur de la production fait un bond de 17,4%, constate le compte prévisionnel de l’agriculture publié le 15 décembre par l’Institut national de la statistique (Insee).
Des céréales rares et chères
« La production végétale (hors subventions) progresse globalement de 3,1% en volume, mais les évolutions sont très différenciées selon les produits. Sous l’effet des conditions météorologiques estivales défavorables, la production de céréales est inférieure de 10,9% en volume à celle de 2021. Le recul atteint 29,2% pour le maïs, pénalisé par de faibles rendements, après la très bonne récolte 2021. La baisse est également prononcée pour les protéagineux (-21,3%). Seule la récolte d’oléagineux s’accroît, en raison d’une extension de la surface cultivée en colza. Avec la baisse des rendements, la production diminue également pour les betteraves (-10%) et les pommes de terre (-9,2%). »
« En 2022, les prix de la production (hors subventions) s’apprécient à nouveau fortement pour les produits végétaux (+15,1%), en particulier les céréales (+33,2%). Seuls les prix du vin reculent (-1%), du fait des vins de table et de pays et des appellations autres que le champagne. Cet enchérissement de la production végétale est consécutif aux prix élevés des intrants, en particulier ceux des engrais et des produits énergétiques. De plus, au niveau mondial, l’offre de céréales est perturbée par le conflit en Ukraine, les mauvaises récoltes survenues au Canada en 2021, dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie en 2022, et par les restrictions d’exportations adoptées en Inde. »
Repli général des productions animales
« La production animale (hors subventions) se replie en volume (-3,4%). Elle baisse sensiblement pour les veaux (-5,5%) et les porcins (-4,4%), mais plus modérément pour les bovins (-1,8%). Le recul est particulièrement marqué pour les volailles (-13%). La production fléchit nettement moins pour les œufs (-1,8%) et le lait (-1,1%). En France comme en Europe, le cheptel bovin diminue tendanciellement depuis 2016, première année de la fin des quotas laitiers. Les volailles sont touchées par le retour de l’épizootie d’influenza aviaire. Dans le même temps, la demande est dynamique, en particulier pour les bovins, les produits laitiers et les œufs. »
« Le prix de la production animale (hors subventions) s’accroît fortement (+21,5%). La hausse concerne tous les produits : porcins (+24,4%), bovins (+22,1%), veaux (+13,4%), volailles (+19%) et lait (+17,7%). Elle est particulièrement élevée pour les œufs (+67%), en raison d’une très forte demande. Là encore, les coûts des intrants, énergie et alimentation animale, se répercutent sur les prix des produits au sein de marchés déséquilibrés. »
Moins d’achats d’aliments
Premier poste de dépense des éleveurs, « les achats d’aliments pour animaux (hors produits agricoles intraconsommés) progressent de 11,6% en valeur. Leurs prix augmentent fortement (+22,1%), suivant l’évolution du prix des céréales. Les difficultés à nourrir les bêtes ont pu amplifier les ventes du cheptel, aussi les dépenses d’achats pour animaux diminuent sensiblement en volume (-8,6 %). »
« Les prix de l’énergie s’accroissent de 39,1%, après la hausse déjà forte de l’année précédente (+20,7%). La facture énergétique des exploitations s’alourdit de plus d’un tiers (+33,6%). Liés aux prix du gaz, les prix des engrais et amendements bondissent de 78,4%. Cette hausse exceptionnelle résulte des effets successifs de la reprise économique avec la sortie du confinement, puis du conflit en Ukraine. Pour la troisième année consécutive, leur recours diminue en volume (-16,6% en 2022 et -27,3% depuis 2019). Sous l’effet de la hausse des prix, les achats d’engrais et amendements progressent néanmoins de 48,8% en valeur en 2022. »
Moins d’actifs et de subventions
Les subventions d’exploitation diminuent en 2022 (-0,5 Md€ à 8,1 Md€) du fait de l’arrêt des versements du fonds de solidarité Covid. « En prenant en compte les subventions d’exploitation et les impôts à la production, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs augmenterait de 18,2% en 2022. Comme l’emploi agricole continue tendanciellement de décroître (-0,9% en 2022), la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif croîtrait de 19,2% en 2022. En termes réels (déduction faite des dépréciations d’actifs, NdlR), elle progresserait de 16,4%, après 11,5% en 2021. » Un indicateur économique longtemps désigné comme le « revenu agricole ».
BC