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Eau : faut-il « changer de modèle agricole » ?

Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, et Bérangère Abba, secrétaire d’État à la Biodiversité, ont lancé, le 1er septembre en visioconférence, les travaux du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, qui doivent s’achever d’ici à la fin de l’année.

Selon le rapport Explore 2070, « il faut s’attendre à une baisse des écoulements annuels partout en France (de 10 à 40 % selon les bassins) et ce sera pire pour les débits d’étiage. L’écoulement va baisser et, dans 80 % des cas, la ressource baissera encore plus », a résumé Vasken Andreassian, hydrologue à l’Inrae. Que faire, alors que l’eau sera moins abondante et que la hausse attendue des températures, en favorisant l’évapotranspiration des plantes et les besoins des animaux, va au contraire accroître la demande ?

Pour résoudre cette équation, les ministres fixent trois objectifs au Varenne de l’eau : identifier les leviers d’action disponibles, lister les difficultés rencontrées, identifier des projets structurants (le gouvernement souhaite faire aboutir au moins 50 projets territoriaux de gestion de l’eau – PTGE – d’ici 2022 et 100 d’ici 2027). Il y a urgence, parfois. Jean Launay, président du Comité national de l’eau, souligne l’existence de « zones agricoles où les troupeaux ont dû être réduits à cause du manque d’eau ». Luc Servant, vice-président des Chambres d’agriculture (APCA), ajoute que « la survie d’exploitations est en jeu ».

« Irrigation de résilience »

Le Varenne de l’eau s’inscrit dans le prolongement de plusieurs travaux récents : les Assises de l’eau (novembre 2018 à juin 2019) puis la publication, à l’été 2020, d’un rapport conjoint des ministères de l’agriculture et de l’environnement sur le thème : Changement climatique, eau et agriculture. Une des priorités affichées est d’ailleurs que les deux ministères parviennent à « porter un discours commun sur l’eau et l’agriculture », a témoigné Michel Sallenave, un des rapporteurs.

Deux principes d’équilibre ont guidé leurs réflexions et leurs enquêtes de terrain (dont l’une sur l’élevage en Aveyron) : d’une part, « changer de modèle agricole » pour aller vers des systèmes plus économes en eau et plus protecteurs des sols (trop négligés depuis les années 1960, a-t-il estimé) ; d’autre part, « renforcer la ressource en eau » en privilégiant une « irrigation de résilience : sécuriser plutôt que maximiser la production ; privilégier les retenues collinaires multiusages plutôt que les forages individuels. »

BC

A télécharger :

« Les agriculteurs consomment trop d’eau » (Cour des comptes européenne, 28 septembre 2021)

Rapport relatif à la protection des eaux contre les nitrates (Commission européenne, 11 octobre 2021)

 

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