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« Les enjeux se portent sur les MDD »

C’est le soulagement qui domine dans l’entretien que nous a accordé Damien Lacombe, président de La coopération laitière (LCL), à l’issue des négociations commerciales 2021 qui se sont achevées le 1er mars pour les produits à marque nationale. Pour les MDD, en revanche, « le chantier reste ouvert ».

Vous alertiez, ces derniers mois, sur l’enjeu associé à « l’année 3 des EGA (1) » en termes de revenu des éleveurs et, plus largement, d’attractivité du métier et de renouvellement des générations. Quel bilan dressez-vous des négociations annuelles qui viennent de s’achever ?

En début de négociation, la distribution mettait en avant la Covid, la crise économique et le pouvoir d’achat des Français pour exercer une forte pression sur les prix (2). Selon une enquête effectuée auprès des coopératives laitières, l’augmentation des prix des matières premières (protéines, céréales) n’était prise en compte que dans un cas sur deux, la rémunération des éleveurs dans un cas sur trois, les attentes sociétales (changement climatique, bien-être animal…) dans un cas sur dix, alors qu’il en va de la segmentation des marchés et de la montée en gamme que l’on attend de nous. Les coopératives elles-mêmes doivent faire face à l’envolée des prix des emballages (+ 25 % pour les plastiques) et de l’énergie.

Les discussions ont permis de rectifier le tir. Au global, le résultat des négociations est positif pour la plupart des coopératives laitières, même si nous ne serons pas au bout du chantier des EGA cette année. Cela dit, dans le mix-produits des coopératives, les marques nationales ne représentent qu’un tiers des ventes en grandes surfaces. Le restant, ce sont les marques de distributeur (MDD) dont les prix, à de rares exceptions près, n’ont pas encore fait l’objet d’accord. Le chantier reste ouvert. C’est le gros enjeu des six mois à venir. On ne va rien lâcher. Pour comprendre la fixation du prix du lait, il faut aussi garder à l’esprit que les produits de grande consommation sur le marché français ne représentent que 40 % du débouché total. Que l’exportation a été compliquée en 2020, à cause de la pandémie. Cela a été la même chose pour les produits de base (beurre, poudre…), même si les perspectives semblent meilleures aujourd’hui.

L’an passé, LCL a invité les coopératives à adopter deux « bonnes pratiques » : définir un prix du lait prévisionnel objectif, et intégrer les indicateurs de coûts de production dans les règlements intérieurs (3). Où en est-on ?

Ces recommandations sont trop récentes pour avoir été présentées en assemblée générale de coopératives en 2020, d’autant que, le plus souvent, celles-ci n’ont pas pu se réunir normalement, à cause du contexte sanitaire. J’espère que ce sera différent cette année et que la plupart des coopératives laitières entreront dans la démarche. La transparence et la bonne gouvernance sont plus que jamais d’actualité dans les coopératives laitières.

Un recalage des instruments de mesure devrait faire baisser d’environ 20 à 25 % le dénombrement des cellules somatiques dans le lait au 1er avril 2021. Cela aura-t-il un impact sur le prix payé aux producteurs ?

Les coopératives laitières sont très favorables à ce changement de méthode car la situation actuelle pouvait induire des divergences en Europe. L’interprofession y travaille depuis plusieurs années, avec notre appui. Le nouveau comptage va générer des boni chez certains producteurs, à condition qu’ils ne relâchent pas leurs efforts de qualité. Mais cela ne changera rien pour ceux dont le lait se situe au-delà des seuils.

Les grilles de paiement du lait seront-elles ajustées pour tenir compte de ce nouveau décompte des cellules ?

Chaque coopérative laitière est responsable de sa politique tarifaire. Bien évidemment, LCL ne leur recommande pas de pratiquer de la sorte.

Propos recueillis par Benoît Contour

(1) Etats généraux de l’alimentation

(2) En décembre 2020, La coopération agricole (LCA) estimait à -2 %, tous secteurs alimentaires confondus, la déflation réclamée par la grande distribution dans le cadre des négociations commerciales pour 2021.

(3) Voir grands-troupeaux-mag.fr/un-prix-du-lait-previsionnel-dans-les-coop/

A télécharger :

Nouvelle donne pour les cellules au 1er avril 2021 (Cniel)

Guide de bonnes pratiques de gouvernance des coopératives (février 2021)

 

 

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