Un crédit d’impôt de 2 500 € – dont ne veut pas la Coordination rurale – et des aides à la conversion des agroéquipements sont annoncés.
Le Sénat a adopté, samedi 5 décembre, un amendement permettant la mise en place d’un crédit d’impôt temporaire d’un montant de 2 500 € pour soutenir les entreprises agricoles qui déclarent en 2021 et/ou 2022 qu’elles n’utilisent plus de pesticides contenant la substance active glyphosate, en complément des crédits d’impôts pour l’agriculture biologique et la Haute Valeur Environnementale (HVE).
« Au-delà de ce crédit d’impôt, l’Etat investira 80 millions d’euros supplémentaires pour abonder la prime à la conversion des agroéquipements prévue dans le plan de relance, désormais dotée de 215 millions d’euros », ajoute le ministère de l’agriculture dans un communiqué du 7 décembre. « L’enjeu est de mettre en place des dispositifs pour compenser les coûts induits par la sortie du glyphosate pour les agriculteurs car, aujourd’hui, un agriculteur qui investit pour sortir du glyphosate ne bénéficie pas de création de valeur immédiate : le prix de vente de production reste inchangé, sauf s’il se convertit au bio. A titre d’exemple et sur la base de travaux de l’INRAe, la sortie du glyphosate, à l’échelle d’une exploitation, entraîne une perte d’excédent brut d’exploitation (EBE) allant jusqu’à 16 % pour des grandes cultures en semis direct, soit un surcoût allant jusqu’à 80 € par hectare, soit jusqu’à 7 000 € pour une exploitation de taille moyenne de 87 hectares. »
« De l’argent jeté par les fenêtres » (CR)
« Ce crédit d’impôt est de l’argent jeté par les fenêtres ! », réagit la Coordination rurale dans un communiqué. « On interdit l’utilisation de ces produits phytosanitaires en France, mais on permet l’importation de denrées alimentaires en provenance de pays autorisant leur utilisation et dans des quantités beaucoup plus importantes. C’est comme le fait de fermer des centrales nucléaires et devoir importer de l’énergie issue des centrales à charbon allemandes ! Il faut arrêter d’importer ce que nous refusons de produire chez nous ! », s’indigne Damien Brunelle, 1er vice-président de la CR.
« En France, le glyphosate est utilisé entre deux cultures pour détruire les plantes adventices qui concurrenceraient la culture suivante ou en inter-rangs en viticulture ou en production de fruits, et il est donc indispensable pour les agriculteurs tout en préservant le bon état des sols. Son utilisation est en faible quantité et il ne se retrouve donc pas dans les récoltes », fait valoir la CR.
BC