Un essai, présenté aux journées des groupements techniques vétérinaires montre l’intérêt des pré et post biotiques sur la santé intestinale des chevreaux, avec à la clé une réduction significative de la mortalité. Retour sur cette étude.
La flore intestinale ou microbiote joue un rôle dans la survenue d’un grand nombre de pathologies. Un léger dérèglement et la santé de l’individu peut grandement en pâtir. C’est vrai pour l’Homme, comme pour les petits et les grands ruminants. « Pour la première année, la SNGTV(1) a consacré une matinée à ce thème », se réjouit Isabelle Delporte, PDG de la société Original process, dont l’existence et les activités se sont construites autour de la santé du microbiote pour l’élaboration de ses produits baptisés ProbioactiFAP(2). Les caprins n’échappent pas à ce constat. Praticienne en Touraine, Sylvie Blain, présidente de la commission caprine au sein de la SNGTV a d’ailleurs présenté les résultats, très encourageant, d’un essai sur l’intérêt de la santé intestinale chez les chevreaux destinés à l’engraissement. « Le chevreau est un animal particulièrement sensible. La conduite de l’élevage en engraissement nécessite un ensemble de précautions, tout au long de la chaîne, du naisseur à l’engraisseur. Il faut, tout spécialement, veiller à contrecarrer les effets néfastes de contaminations possibles lors du transport, de ceux dus aux aléas climatiques, aux conditions d’élevage et d’alimentation. Ces expériences constituent en effet des sources de stress pouvant avoir des répercussions sur la santé des animaux (ex: diarrhées). Ainsi, sur certains lots, le taux de mortalité peut atteindre 80 %. Au final, le recours à l’antibiothérapie se révèle souvent excessif », soulignent Sylvie Blain et Isabelle Delporte dans leur publication. Les engraisseurs utilisent souvent la métaphylaxie(3) pour soigner les chevreaux. « Renforcer le microbiote digestif dès la naissance pourrait être un levier qui permettrait de limiter les pathologies et de contribuer à la réduction de l’usage des antibiotiques», poursuit Isabelle Delporte. Des études antérieures menées sur le veau nouveau-né ont mis en évidence l’implantation précoce et rapide d’un microbiote diversifié et fonctionnel suite à une double distribution de Fortiflor (ProbioactiFAP en pâte orale), juste après la prise de colostrum, puis 24h plus tard. Cette pratique a contribué à la diminution de moitié des diarrhées néonatales dans des élevages à problèmes récurrents. L’objectif de cette nouvelle étude était de vérifier l’éventuelle extrapolation des résultats en élevage d’engraissement des chevreaux. Le docteur Sylvie Blain a comparé la santé de deux lots de jeunes mâles. Le groupe témoin de 140 chevreaux élevés classiquement a reçu du colostrum, le lot supplémenté de 119 chevreaux a bénéficié de deux doses de 2 ml de Fortiflor (ProbioactiFAP en sirop), la première après la prise colostrale et la deuxième 24 heures après. Aucun des deux lots n’ a reçu d’antibiotiques à l’arrivée. Lors de la phase d’engraissement, le lot supplémenté a reçu un lait identique mais enrichi en ProbioactiFAP (2 louves séparées). L’engraisseur a ensuite suivi l’état de santé des chevreaux
Une baisse de 30 % de la mortalité
Au final, les ProbioactiFAP ont permis aux jeunes animaux de mieux faire face aux diarrhées et à la mortalité importante survenue chez l’engraisseur. En moyenne, une diminution de 30 % de la mortalité a ainsi été enregistrée dans le lot supplémenté. De plus, le décès des chevreaux est intervenu, en moyenne, 11,4 jours après leur arrivée en engraissement, au lieu de 7,8 jours pour le lot témoin. « Ceci peut s’expliquer par un renforcement de l’équilibre du microbiote, et ce, dès la naissance », commente la vétérinaire. La solution à base de pré et postbiotiques peut également être intéressante dans l’alimentation lactée des chevrettes de renouvellement.
E.L.D.
- La SNGTV est la société nationale des groupements techniques vétérinaires.
- produits issus de la technologie FAP® et d’un process spécifique de fermentation lactique de céréales à partir de souches sélectionnées. Ils sont riches en molécules bio actives (pré et post biotiques). Ils nourrissent et stimulent prioritairement le développement de certaines bactéries bénéfiques, au détriment de celles néfastes. Ils peuvent s’utiliser en agriculture biologique.
- Traitement systématique de la totalité d’un groupe d’animaux au-delà d’un certain seuil d’incidence clinique.