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« Assurer le renouvellement des générations »

Président de l’Organisation des métiers caprins d’Agrial, vice-président de l’interprofession (Anicap) et éleveur dans le Maine-et-Loire, Mickaël Lamy n’éprouve « aucune crainte à court ou moyen terme pour la dynamique du marché ». Pourvu qu’il reste suffisamment d’éleveurs…

« Je suis très serein en ce qui concerne l’équilibre de la filière du lait de chèvre. Les débouchés se sont accrus de manière structurelle depuis dix ans. La consommation et la fabrication de fromages conservent une dynamique positive, plus ou moins importante certes selon les entreprises (+ 1 % en 2018). Notre marque Soignon, numéro un sur le marché, fait beaucoup mieux que la moyenne. L’ultra-frais affiche des croissances à deux chiffres. Le lait de consommation, dont Lactalis est le leader, continue aussi à progresser. Notre souci, c’est d’assurer le renouvellement des générations d’éleveurs pour, non seulement maintenir le potentiel de production, mais aussi le renforcer. Chez Agrial, nous recherchons 25 millions de litres additionnels pour compléter les 150 millions que nous collectons déjà. Avec nos deux filiales au Benelux et en Espagne, nous transformons au total 270 millions de litres tout en gardant la main. C’est plutôt sécurisant.

Craignez-vous la concurrence de ces deux pays ?

Historiquement, la filière caprine française s’est régulée avec le caillé importé. Les Pays-Bas ont beaucoup accru leur production depuis quinze ans mais celle-ci atteint aujourd’hui un plateau en raison des contraintes de protection de l’environnement. En Espagne, la filière est beaucoup moins intégrée qu’en France ou aux Pays-Bas. La collecte est majoritairement dans les mains de coopératives de collecte qui vendent ensuite leur lait à des industriels. Ces derniers fabriquent des fromages pur chèvre mais aussi, majoritairement, des fromages au lait de mélange. La filière subit donc en permanence des arbitrages entre les laits de chèvre, de vache et de brebis. La relance de la filière caprine en Espagne a été contrariée, l’an passé, par la tuberculose et l’abattage de troupeaux qui ont fait plonger la collecte (- 5 à – 10 %) et augmenter les prix. 

Au global, le bilan d’approvisionnement de la filière caprine s’annonce tendu en Europe en 2019 et en 2020, amplifié par des demandes croissantes pour des nouveaux marchés de poudre de lait infantile à base de lait de chèvre. Nous nous dirigeons vers un sous-stock de caillé en fin d’année. Les prix à la production n’ont aucune raison de baisser alors même qu’ils n’ont jamais été aussi élevés en France (plus de 700 €/1000 l). Et ce n’est pas grâce aux États généraux de l’alimentation, qui n’ont pratiquement rien apporté sur les marques nationales. Il y a des opportunités à saisir pour les éleveurs. 

Pourtant, la collecte a reculé en début d’année…

Notre métier est très météo-dépendant. Les pluies du printemps 2018 n’ont pas toujours permis de récolter des foins de bonne qualité. La sécheresse et la canicule de l’été puis de l’automne ont pesé sur les ensilages de maïs. En Rhône-Alpes et en Occitanie, où les système sont très herbagers, les disponibilités fourragères ont été impactées. Des décalages de mises bas et la hausse du coût de l’aliment ont encore compliqué la donne. Résultat : la production de lait de chèvre a reculé au 2e semestre 2018 et encore au 1er trimestre 2019. Mais j’ai bon espoir qu’avec les foins que nous récoltons actuellement, la collecte repassera rapidement dans le vert. Nous y étions presque à la mi-mai. 

Propos recueillis par Benoît Contour

 

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