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Les secrets d’une prairie qui reste belle

La filière des semences et plants (Semae) identifie « 5 points clés » permettant de contrôler la plupart des causes de dégradation des prairies et d’assurer la pérennité et de bonnes performances de production d’herbe sur les exploitations.

La prairie occupe près de la moitié de la surface agricole utile, ce qui en fait la première culture de France, rappelle Semae dans un communiqué du 10 mai. « Pour de nombreux élevages, elle constitue le principal pilier de l’alimentation animale. Les éleveurs savent bien que la bonne gestion des prairies demande de la technicité afin de produire une alimentation de qualité et en quantité suffisante pour leurs animaux. Comme les autres cultures, les prairies peuvent se dégrader mais, parce qu’elles sont installées pour plusieurs années, il y a aussi des méthodes pour les restaurer, les améliorer. » Selon Semae, elles sont au nombre de cinq :

Identifier puis éliminer les causes de dégradation

Avant de penser à améliorer une prairie, il faut comprendre pourquoi elle ne répond pas ou plus aux attentes. Plusieurs causes peuvent engendrer une dégradation de la prairie. Identifier puis éliminer cette cause est le premier pas vers une amélioration des performances de la prairie. Voici les 10 principales causes de dégradation :

  • Le surpâturage, et principalement le surpâturage estival en conditions séchantes ;
  • Le sous-pâturage, lui aussi, par les amas d’herbe non consommée qu’il laisse au sol, dégrade la prairie ;
  • L’absence de déprimage. Cette exploitation précoce à la sortie de l’hiver permet de nettoyer la prairie et de lui offrir les meilleures conditions de démarrage possible ;
  • Une fertilisation mal raisonnée. Si les éléments fertilisants ne sont pas en adéquation avec la flore, les objectifs de production, les exportations, la prairie va rapidement se dégrader et une flore moins exigeante prendra la place des espèces d’intérêt ;
  • Une flore mal adaptée aux objectifs. Si les espèces et variétés choisies ne sont pas adaptées aux conditions pédoclimatiques, aux méthodes d’exploitation, elles seront rapidement remplacées par des espèces de moindre intérêt ;
  • Une faible activité biologique. Une pousse lente, une accumulation de litière, un enracinement superficiel qui entraine une faible résistance à l’arrachement et aux conditions séchantes sont autant de symptômes d’une activité biologique réduite ;
  • Le piétinement en mauvaises conditions. Le pâturage effectué lorsque le sol n’est pas portant provoque le tassement du sol qui asphyxie les racines et la formation de trous et d’ornières qui complique la récolte de l’herbe ;
  • La sénescence simultanée. Un semis trop dense qui empêche l’herbe de produire des talles, ou encore des accidents climatiques (sécheresse, gel prononcé) peuvent conduire à un vieillissement accéléré de la flore prairiale et à son remplacement par des espèces de moindre intérêt ;
  • Les accidents d’ordre climatique (gel, sécheresse, inondation exceptionnelle) ou liés à des dégâts d’animaux (campagnols, sangliers, taupes…) ;
  • Des négligences de l’éleveur comme le fait de rouler sur de l’herbe gelée, d’épandre du fumier mal émietté ou encore de laisser trop longtemps les balles de fourrages au champ.

Adapter le mode d’exploitation et l’entretien

Quelques règles permettent d’assurer le maintien des prairies dans de bonnes conditions de production. Parmi celles-ci, on citera la principale : le respect de la hauteur d’herbe, que ce soit au pâturage ou à la fauche. Mais il faudra également apporter une attention particulière à l’exploitation de l’herbe au bon stade, à la gestion des refus, à la pratique du hersage et de l’ébousage, à l’alternance fauche/pâture, à la pratique du déprimage. Le pâturage tournant est une approche pédagogique de la pratique du pâturage et permet d’offrir un cadre pertinent à la bonne gestion de l’herbe.

Semer ou sursemer la ou les bonnes espèces

Avant même d’être semée, une bonne prairie de qualité est avant tout déterminée par le bon choix des espèces et des variétés qui la composent. Les espèces doivent être adaptées aux conditions pédoclimatiques et aux objectifs de productions et d’exploitation, adaptées aussi à vivre en mélange avec les autres espèces choisies. Une fois les espèces sélectionnées, c’est le choix des variétés qui déterminera également les performances de la prairie et sa bonne adéquation avec les objectifs d’exploitation. Des outils permettent d’accompagner l’éleveur dans ce choix des espèces (www.prairies-gnis.org) et des variétés (www.herbe-book.org). La bonne réalisation du semis est un autre facteur crucial pour assurer une bonne implantation durable de la prairie. Préparation de sol et profondeur de semis sont des éléments clés à bien maitriser. Enfin, il peut être envisageable d’effectuer un sursemis afin d’améliorer une prairie dégradée. Là encore le choix des espèces et des variétés est primordial pour assurer la bonne réussite du sursemis (choisir des espèces agressives qui s’implantent rapidement) ainsi que le respect d’un certain nombre de règles spécifiques à cette pratique (intervenir sur une végétation rase, période idéale fin d’été, pas de fertilisation avant le sur semis, semer à 1 cm de profondeur, bien rappuyer le sol après le semis…).

Raisonner la fertilisation et s’intéresser au pH

Produire de l’herbe, qu’elle soit fauchée ou pâturée, c’est mobiliser une certaine quantité d’éléments fertilisants. Produire une tonne de matière sèche nécessite environ 25 kg d’azote, 8 kg de phosphore et 28 kg de potasse. L’azote peut provenir en partie de l’azote atmosphérique fixé par les légumineuses et, au pâturage, les déjections peuvent constituer une forme de recyclage de ces éléments fertilisants . Cependant, il convient de s’assurer que le sol soit suffisamment bien pourvu afin d’assurer les objectifs de production et d’éviter une dégradation de la flore prairiale vers des espèces moins exigeantes mais surtout avec une moins bonne valeur alimentaire. Les espèces rencontrées dans les prairies sont d’ailleurs de bons indicateurs du niveau de fertilité. Le pH du sol est également à surveiller car il conditionne en partie l’activité biologique et parfois même la présence de certaines espèces (la luzerne). Les vers de terre sont des alliés précieux de la structure du sol et de la fertilité des prairies ; il convient donc de favoriser leurs actions afin d’améliorer les prairies.

Aménager les parcelles

L’aménagement parcellaire est un moyen, souvent sous-estimé, d’améliorer durablement les prairies et le confort de l’éleveur. Les chemins d’accès aux pâtures doivent permettre aux animaux d’accéder rapidement aux parcelles en restant propres et sans risquer de blessures. Le nombre d’abreuvoirs, leur taille ainsi que leur position dans les parcelles doivent aussi être réfléchis car ils auront un impact sur les performances des animaux s’ils sont trop éloignés et sur la qualité de l’herbe (large zone piétinée et sur-fertilisée) s’ils sont trop peu nombreux. De même, la présence de haies autour des parcelles et/ou d’arbres à l’intérieur des parcelles sera bénéfique pour les animaux en constituant des zones d’ombrage et abritées du vent, ce qui sera également favorable à l’herbe. Enfin, la gestion de l’eau est naturellement un facteur clé de l’amélioration des prairies. Parfois surabondante en hiver, des rigoles ou même le drainage peuvent permettre d’assainir les parcelles en favorisant la migration de l’eau en surface et profondeur. De plus en plus souvent manquante en été, l’irrigation constitue aussi un moyen d’empêcher les prairies de se dégrader.

(Semae, 10 mai 2021)

A télécharger : Note agro-climatique et prairies n° 2 (Institut de l’élevage, 12 mai 2021)

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